Les événements politiques qui secouent en ce moment l’Algérie ont provoqué une véritable paralysie qui peut causer au pays une crise économique sans précédent. Et les chiffres officiels rendus publics récemment font froid dans le dos.
Il y a, d’abord, la baisse inquiétante des réserves de change de l’Algérie qui sont passées à 79,88 milliards de dollars (mds USD) à fin décembre 2018, contre 97,33 mds USD à fin 2017, soit une contraction de 17,45 mds USD, a annoncé lundi la Banque d’Algérie (BA).
La Banque d’Algérie a essayé de relativiser ces pertes importantes pour l’Algérie en notant que cette contraction est « légèrement supérieure au déficit du solde global de la balance des paiements, en raison de l’effet de valorisation négative de près de 1,73 mds USD, lié à la dépréciation de l’euro vis-à-vis du dollar entre décembre 2017 et décembre 2018 », a-t-elle commenté dans sa note de conjoncture pour le deuxième semestre 2018.
Et pourtant, la Banque centrale a reconnu dans cette même note que les diminutions annuelles des réserves de change, liées aux déficits du solde global de la balance des paiements, traduisent, selon la même source, l’excès de la dépense intérieure brute de l’ensemble des agents économiques sur le revenu national, c’est dire l’excès des importations sur les exportations. Cela signifie clairement qu’à ce rythme, l’Algérie dépendante de ses importations, va épuiser totalement ses réserves de change, son seul matelas de sécurité face à la crise financière et économique qui a ravagé de nombreux pays à travers le monde.
A rappeler que les réserves de change de l’Algérie (or non compris) étaient à 82,12 mds USD à fin novembre 2018, contre 86,08 mds USD à fin septembre et 88,61 mds USD à fin juin 2018. La chute est donc brutale. Et à cette mauvaise nouvelle s’ajoute l’avertissement lancé par La Banque Mondiale. Cette dernière a expliqué qu’en 2020 sous l’effet de l’assainissement des finances publiques qui va peser sur l’activité hors hydrocarbures, l’Algérie va connaître une « croissance morose ».
« La croissance en Algérie devrait être morose, à 1,7 % en 2020, l’assainissement des finances publiques pesant sur l’activité non pétrolière », prévoit l’institution de Bretton Woods dans une nouvelle édition du rapport sur les perspectives économiques mondiales, publié à Washington.
La Banque Mondiale a également prévenu l’Algérie contre le danger de tout retournement des tendances mondiales du prix des hydrocarbures qui « compliquera la réduction prévue du double déficit ».
« Le principal défi pour l’économie algérienne est de renforcer sa résilience à la volatilité des prix des hydrocarbures, à la fois en atténuant l’impact de cette volatilité sur le budget et en diversifiant les sources de croissance », a conclu la BM dans le même bulletin en recommandant d’engager d’ambitieuses réformes. Or, si la transition politique tarde à se concrétiser, personne ne pourra relever cet immense défi qui engage l’avenir de l’Algérie d’ici 2020, à savoir l’année prochaine !
Les conséquences seront désastreuses et les citoyens algériens ressentiront dans leur chair les effets de cette paralysie économique qui s’installe petit à petit. Il faut savoir que pour l’heure, l’Algérie a résisté à la crise financière grâce à ses hydrocarbures.
Et même si les exportations d’hydrocarbures ont reculé en volume à 99,9 millions de TEP en 2018, en baisse de 7,7 % par rapport à l’année 2017, elles ont tout de même augmenté en valeur à 38,9 mds USD, contre 33,2 mds USD en 2017, soit une hausse de 17,2 %, a indiqué la Banque centrale d’après laquelle cette progression a été engendré par une remontée substantielle des prix du pétrole, de près de 32,1 % entre 2017 et 2018.
Après leur chute à 40,6 dollars le baril, en moyenne, au premier semestre de 2016, les prix du pétrole n’ont cessé de se raffermir pour passer à 50,9 dollars au premier semestre de 2017 puis à 71,8 dollars au premier semestre de 2018 et atteindre 71,2 dollars au second semestre 2018. En 2018, le prix moyen du baril de pétrole s’élève à 71,5 dollars, contre 54,1 dollars en 2017. Cependant, les prix demeurent volatiles et une nouvelle baisse drastique fragilisera davantage une Algérien déstructurée politiquement en l’absence d’un véritable processus de transition. Le danger est réel et la menace est sérieuse.