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vendredi, mars 29, 2024

Arrestation et enlèvement de Slimane Bouhafs : les autorités algériennes ont menti au Conseil des droits de l’homme de l’ONU

Les autorités algériennes ont été prises en flagrant délit de mensonge. Lors d’une communication officielle présentée par la Mission permanente de l’Algérie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève et des autres organisations internationales en Suisse, il a été affirmé que Slimane Bouhafs aurait été arrêté à Tébessa, à l’extrême est du pays, alors que ce dernier avait fait l’objet d’un enlèvement sans précédent dans les rues de Tunis pour qu’il soit livré à l’Algérie alors qu’il jouissait  de la protection du Haut-Commissariat aux Réfugiés qui lui avait accordé le statut de réfugié en Tunisie.

« L’intéressé a été arrêté le 27 août 2021 par les services de sécurité de Tébessa (ville frontalière de l’Est algérien), après avoir tenté de louer une chambre d’hôtel sans présenter ses papiers d’identité. À la suite d’un contrôle et de l’examen du dossier de l’intéressé, il est apparu que celui-ci était membre de l’organisation terroriste MAK et qu’il existait des preuves solides attestant sa participation à des actes terroristes », écrivait ainsi la Mission permanente de l’Algérie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève dans sa réponse aux procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme concernant l’affaire de Slimane Bouhafs.

Il s’avère que cette version des faits est totalement infondée. Et pour cause, les autorités tunisiennes ont livré, le 25 Août 2021, Slimane Bouhafs à l’Algérie à la suite d’un deal qui est resté encore opaque et secret entre les deux pays. Pis encore, plusieurs informations recueillies par Algérie Part avaient indiqué que les services secrets algériens ont monté une opération spéciale pour l’arrestation et l’extradition de Slimane Bouhafs. Une opération qui avait été organisée avec la complicité et la bénédiction des autorités tunisiennes.

Il est à rappeler que plus de quarante organisations tunisiennes de défense des droits humains avaient affirmé, le 30 août 2021, que la Tunisie a livré Slimane Bouhafs, un « réfugié politique » algérien, aux autorités de son pays, accusant Tunis de « violer ses engagements internationaux ». Dans un communiqué commun, plus de quarante ONG, dont la Ligue tunisienne des droits de l’homme, avaient exprimé leur « indignation devant le dangereux précédent créé par l’Etat tunisien en remettant un réfugié bénéficiant de la protection internationale aux autorités de son pays qui le poursuivent pour ses prises de position politiques ».

Ces ONG avaient exigé des « clarifications des autorités sur la disparition dans des circonstances mystérieuses du militant politique algérien Slimane Bouhafs ». « Des témoins ont rapporté que des voitures avec des plaques d’immatriculation inconnues se sont présentées le 25 août à la maison où vit le militant algérien et l’ont emmené vers une destination inconnue », avaient dénoncé encore les mêmes ONG.

Ces éléments démontrent le caractère mensonger de la version présentée par les autorités algériennes au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Un tel mensonge porte un énorme préjudice à la crédibilité de l’Etat algérien.

Il est à signaler, en outre, que dans leur réponse au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, les autorités algériennes ont révélé également qu’à la suite de l’arrestation de Slimane Bouhafs, « des fouilles corporelles auxquelles il a été soumis ont abouti à la découverte d’une somme d’argent en devise forte, à savoir 5 115 dinars tunisiens et 150 euros, de deux téléphones portables, d’une carte nationale d’identité, d’un passeport algérien, d’une carte de membre du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), de cartes magnétiques et de preuves de transferts de fonds ».

« Par conséquent et compte tenu de sa participation à des faits graves à caractère terroriste et de l’enquête ouverte par les services de sécurité du gouvernorat d’Alger à son sujet, l’intéressé a été transféré pendant la nuit du 27 au 28 août 2021 par les services d’instruction judiciaire relevant de la Direction générale de la sécurité intérieure à la brigade criminelle du département de la police judiciaire des services de police judiciaire d’Alger, en passant par les services de sécurité du gouvernorat de Constantine, conformément aux normes relatives au bien-être des suspects », a ajouté dans sa réponse la Mission permanente de l’Algérie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève.

Soulignons enfin que Slimane Bouhafs, âgé de 55 ans, est un militant politique  condamné en 2016 à cinq ans de prison en Algérie pour « insulte à l’islam ». Il milite aussi au sein du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation indépendantiste classée « terroriste » par les autorités algériennes. De confession chrétienne, il était aussi le président de la coordination de Saint-Augustin des chrétiens en Algérie.

 

 

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