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samedi, avril 20, 2024

Amateurisme dangereux : un titulaire d’une licence en sciences économiques à la tête de la direction canalisation et stockage de Sonatrach !

« On n’a jamais senti autant d’amateurisme dans la gestion de Sonatrach ». C’est avec ces termes que de nombreux cadres de la compagnie nationale des hydrocarbures ont résumé la situation actuelle de la seule société qui fait gagner des devises au pays. Ces cadres ne se trompent, malheureusement, pas. Preuve en est, la direction générale de Sonatrach a nommé un titulaire d’une licence en gestion et sciences économiques à la tête de sa plus sensible direction et département, à s avoir l’Activité Transport par Canalisation (TRC). 

En effet, depuis le 30 mars dernier l’activité TRC de Sonatrach est dirigé par un nouveau vice-président désigné par le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, et nommé à la suite d’un décret présidentiel du Palais d’El-Mouradia. Ce nouveau vice-président s’appelle Melaika Amine. Ce nouveau cadre dirigeant est, certes, jeune puisqu’il est âgé d’à peine 46 ans. La promotion des cadres est effectivement à saluer.

Cependant, force est de constater que MELAIKA Amine n’a strictement aucune connaissance de l’activité TRC. Ce département stratégique de Sonatrach a pour missions de développer le réseau d’infrastructures de Transport par Canalisations, de Stockage, de Chargement et Déchargement à travers les infrastructures portuaires à quai et en haute mer. L’activité TRC a également pour mission d’assurer le transport des hydrocarbures depuis les pôles de production au sud vers les pôles de demande et de transformation au nord (marché national et exportation).

Les champs d’action de cette direction de Sonatrach l’exploitation des ouvrages de transport des hydrocarbures et des installations portuaires à quai et en haute mer, la maintenance des ouvrages de transport des hydrocarbures et des installations de chargement portuaires à quai et en haute mer, les études et développement, à l’exception des études relevant de la Direction Corporate Business Development et Marketing (BDM) et la réalisation de projets relevant de la Direction Centrale Engineering et Project Management.

Ces missions exigent un background, un parcours et des formations spécifiques compte tenu des spécificités techniques de ce secteur clé des hydrocarbures. Or, monsieur MELAIKA Amine est uniquement  titulaire d’une licence en sciences économique- option gestion de l’Université d’Alger. Il est, certes,  également titulaire d’une Post-Graduation spécialisée en audit interne de l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales (EHEC) et d’un Executive Master Business Administration (EMBA) de l’Ecole Supérieure Algérienne des Affaires « ESAA » en consortium avec HEC/Paris.

Mais sa formation n’a strictement aucun lien avec la production et le transport des hydrocarbures, des domaines purement technique totalement différent du secteur de l’audit ou de la gestion dans lequel est spécialisé le nouveau Vice-Président de Sonatrach.

En plus, le dernier poste de Melaika Amine est responsable de l’audit  en charge des Méthodes du Développement et du Reporting au niveau de la Direction Générale de SONATRACH. Il était égalementDirecteur Général du Holding Services Pétroliers & Parapétroliers (SPP) en charge du portefeuille des Filiales (ENTP, ENAFOR, ENSP,
ENAGEO, GCB, ENGTP, ENAC, SAFIR) et des joint-ventures « Schlumberger, General Electric (GE), Baker Hughes, Haliburton, etc.

C’est donc un pur gestionnaire et auditeur dont la formation et le métier est de gérer des administrations ou de contrôler les dépenses ainsi que les états financiers d’une société. Malheureusement, les activités purement techniques du réseau de transport des hydrocarbures de leur stockage ne relèvent pas du tout des compétences de Melaika Amine. Comment peut-il ainsi diriger et veiller sur le bon fonctionnement d’un département aussi sensible s’il n’a pas la moindre idée sur sa spécificité ? Cette nomination relève bel et bien d’un amateurisme dangereux au sein de la seule compagnie qui procure des devises à l’Algérie.

 

Soulignons enfin que l’activité TRC de Sonatrach s’étend aujourd’hui, sur près de 22 000 kilomètres dont 53% sont dédiés au transport du gaz naturel. La capacité installée de transport gazier du réseau nord du pays a été portée à près de 138 milliards de Contrat mètres cubes/an, dont 57 milliards de Cm3/an via les trois gazoducs (GPDF, GEM et MEDGAZ/GZ4) destinés à l’approvisionnement de l’Europe. SONATRACH exploite aussi 22 systèmes de transport par canalisations (STC) et 85 stations de pompage et de compression. La Compagnie dispose, également, de trois ports pétroliers de chargement d’hydrocarbures : Arzew, Bejaia et Skikda. Ces ports permettent le chargement de tankers d’une capacité de 80 000 à 320 000 TM.

Tous ces équipements sensibles et délicats ont été placés aujourd’hui sous la coupe d’un… auditeur et spécialiste en gestion ou en sciences économiques qui ne connaît absolument rien à ces activités logistiques et techniques.

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