« Quand des millions de gens descendent dans la rue, ils ne rentrent pas chez eux sur un claquement de doigt ». C’est avec ces mots que l’éminent historien et spécialiste de l’Algérie a expliqué les tenants et aboutissants de la révolte populaire en Algérie. Dans une interview parue sur le site internet du quotidien régional Le Dauphiné Libéré, Benjamin Stora a expliqué également qu' »il faut comprendre qu’on est dans une situation pré-révolutionnaire. C’est une dynamique, un processus dont on ne connaît pas l’issue ».
Et cette fois-ci, la révolte des algériens ne ressemblent nullement aux autres mouvements de protestation enclenchés lors des précédentes périodes de l’historie contemporaine de l’Algérie. « Le peuple algérien est très politisé. Ils savent que le régime est très sophistiqué. Ils sont avertis de la ruse, des mouvements en retraite qui n’en sont pas », a assuré à ce propos Benjamin Stora.
Ce dernier ne croit pas à la sincérité du régime algérien lors qu’il annonce des réformes et des changements politiques. « Je ne le crois pas. Certes, le retrait de la candidature de Boutelika est un recul extrêmement important. Mais ça ne veut pas dire la fin d’un système politique établi depuis plus d’un demi-siècle, et qui dispose de clientèles électorales, sociales, etc. », a-t-il encore indiqué.
Benjamin Stora n’a pas manqué de critiquer aussi l’opposition algérienne. 3Avant le mouvement populaire, ils n’avaient pas trouvé de candidat commun. Ils n’avaient d’ailleurs pas vu venir le mouvement », a-t-il constaté. « Je ne sais pas comment ils pourront proposer une alternative. Des tractations sont en cours, et il faudra bien une solution politique. Mais dans un moment de colère, tous ceux qui sont liés de près ou de loin à l’ancien régime sont rejetés », souligne-t-il en dernier lieu.