Inquiétant et alarmant. La population en âge de travailler en Algérie ne participe plus activement à l’activité économique et au marché de travail. Plusieurs études internationales faites par la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement (BAD) ou encore le Bureau International du Travail (BIT) qui est le secrétariat permanent de l’Organisation internationale du Travail (OIT) confirment que le taux de participation à la force de travail est en chute libre en Algérie. Cette baisse est marquante chez les jeunes algériens âgée de 24 jusqu’à 35 ans. Cela signifie qu’en absence de nouveaux emplois, les jeunes algériens restent longtemps en dehors du marché du travail. Explications.
D’abord, un peu de pédagogie pour comprendre les enjeux de ce dossier très stratégique et qui en dit long sur la détérioration des indicateurs économiques et financiers en Algérie. Il faut savoir que le taux de participation de la main-d’œuvre d’un pays mesure le pourcentage de la population en âge de travailler qui participe activement au marché du travail, en travaillant ou en cherchant du travail; il fournit une indication sur la taille de l’offre de main-d’œuvre disponible pour produire des biens et des services, par rapport à la population en âge de travailler. Il s’agit d’un indicateur important qui mesure la pertinence ou efficacité de la politique d’emploi dans un pays.
En effet, connaître la part de la population disponible pour la production des biens et services est nécessaire pour l’élaboration des politiques d’emploi. C’est pourquoi les spécialistes du marché du travail ont recours au taux de participation. Cet indicateur permet de prévenir les besoins d’emploi en fonction de la population en âge de travailler et d’élaborer des politiques d’emploi et définir des besoins de qualification.
Pour obtenir le taux de participation à la force du travail est calculé comme suit : diviser le nombre de travailleurs et de chômeurs (la population active) par le nombre de personnes en âge de travailler (15-64 ans) et multiplier par 100.
En Algérie, le taux de participation à la force du travail est d’à peine 40,9 %. En 2017, il était encore inférieur à 38 %. C’est le taux le plus faible de toute la région de l’Afrique du Nord car en Egypte comme au Maroc, ce taux est de 45 % alors qu’en Tunisie, il dépasse les 47 %. Force est également de constater que le taux de participation à la force du travail est en chute libre depuis 2013 comme l’indiquent les données de la Banque Mondiale et de l’OIT. En 2013, ce taux était de 43,6 %. Durant les années 90, ce taux dépassait les 45 %.
Cela signifie quoi ? La population en âge de travailler participe de moins en moins à l’activité économique et à la production des biens et des services en Algérie.
C’est ce qui explique pourquoi la création de richesse, en termes de produit intérieur brut, est de plus en plus faible en Algérie. La croissance économique d’un pays repose beaucoup sur un nombre relativement réduit de personnes très productives.
Augmenter le taux d’activité de la population en âge de travailler permet à l’économie d’exploiter tout son potentiel de croissance, de diminuer la pression sur les comptes des pouvoirs publics, et ainsi d’améliorer la soutenabilité du système de sécurité sociale d’un pays, ont démontré de nombreuses enquêtes économiques. Enfin, une plus grande participation au marché du travail va aussi dans le sens de l’équité car elle assure une meilleure intégration sociale, de même qu’elle permet de lutter contre la pauvreté en offrant à chacun la possibilité de contribuer selon ses capacités au bien-être général.
L’Algérie n’est, malheureusement, pas dans ce schéma et la chute continuelle de son taux de participation à la force de travail démontre que son activité économique est faible en l’absence des possibilités d’employer la main-d’oeuvre dans secteurs productifs comme l’industrie. Pis encore, l’Algérie dispose de l’un des taux de participation des jeunes à la force de travail les plus faibles au monde. Ce taux ne dépasse pas depuis 2017 les 19,5 % alors que dans les autres pays de la région Afrique du Nord il dépasse les 29 % comme en Egypte ou les 28 % comme en Tunisie.
Ce taux très faible démontre enfin qu’en absence d’emploi, les jeunes restent plus longtemps aux études et n’intègrent pas le marché du travail. Ce qui porte préjudice à la qualité de la main-d’oeuvre qui est nécessaire pour améliorer la productivité économique du pays. Signalons enfin que les femmes algérienne joue un rôle totalement mineur dans la composition de la main-d’oeuvre en Algérie.
Preuve en est, le taux de participation des jeunes femmes à la force de travail est d’à peine 5,2 % en Algérie ! Ridicule et très faible car en Egypte et en Tunisie, ce taux dépasse les 18 % et au Maroc, il dépasse les 13 %. La participation de la femme algérienne à la vie économique du pays est faible, très faible. Ce qui explique le sous-développement du pays. Le taux de participation à la force de travail en Algérie prouve enfin que la croissance économique est encore si faible que les opportunités de gagner sa vie sont de plus en plus rares pour les jeunes et femmes algériennes.