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mardi, avril 23, 2024

Algérie : Comment Houda Feraoun a ruiné le secteur des télécommunications en écrasant ses compétences

Dés son accession au pouvoir le 15 mois 2015, Houda Feraoun, l’ex-ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, avait suscité un vif espoir. Une ministre jeune, dynamique et porteuse d’une vision progressiste ? Que nenni, Houda Feraoun a laissé derrière elle après 4 années d’un pouvoir sans partage sur l’un des secteurs les plus névralgiques une gouvernance archaïque et clanique. Une gestion opaque qui s’est construite en écrasant les compétences les plus avérées du secteur des télécommunications. Explications. 
Dés son arrivée au pouvoir, la jeune ministre Houda Feraoun a voulu imposer ses marques et sa propre équipe dirigeante. Et pour ce faire, elle avait commencé à se débarrasser des dirigeants les plus compétents du secteur qui pouvaient lui faire de l’ombre.  En septembre 2015, elle s’attaque directement à Belghit Hmida, PDG d’Algérie Télécom Satelite (ATS). Elle limoge ce PDG qui avait à son actif un bon bilan et des réalisations respectables.
Ensuite, elle s’en prend à Mahmel Azouaou, le PDG d’Algérie Télécom, en avril 2016 alors que ce cadre dirigeant a pu stabiliser l’entreprise publique confrontée aux déficits et à divers dysfonctionnements internes. Pendant 4 ans, ce PDG a pu garantir des réformes prometteuses à Algérie Télécom. Mais Houda Feraoun le limoge et choisit Tayeb Kebbal, un PDG docile qui lui permettra de conclure le fameux contrat très douteux et controversé de 330 millions de dollars avec le géant chinois Huawei. 
Dans son élan autoritaire, la jeune ministre, la chouchou du régime Bouteflika et du clan présidentiel, s’en prend ensuite à l’ARPT, à savoir l’Autorité de régulation des postes et télécommunications. Elle domestique cette institution censée incarner l’autonomie par rapport à tous les pouvoirs ou administrations pour pouvoir jouer son rôle de gendarme du secteur des télécoms. Fin juin 2016, Mohamed Toufik Bessaï a été remplacé à la tête de l’ARPT en pleine tempête médiatique à propos des coupures des réseaux sociaux pour éviter des fuites des sujets du Baccalauréat, une opération controversée dirigée d’une main de fer par Houda Feraoun. Après avoir tenté de résister, l’ex-patron de l’ARPT est contraint de partir alors qui’il était nommé à la tête de l’ARPT depuis 2013.
Houda Feraoun s’attaque également à tous les membres du conseil d’administration de l’ARPT qui ont fait de la résistance à son projet de dilapider les 120 milliards de DA du fameux fonds du service universel des télécommunications sur lequel Algérie Part avait publié récemment toute une enquête documentée.
Houda Feraoun s’emparera de tous les pouvoirs de son secteur en s’en prenant à un autre cadre dirigeant  en la personne de Said Dama, l’ex-PDG de Mobilis, qui avait été limogé, quant à lui, des fin décembre 2015. A cette époque-là, Mobilis travaillait sur un projet ambitieux consistant à lancer le paiement en mobile en Algérie. Un projet qui faisait de l’ombre au projet des frères Kouninef sur le paiement en ligne avec leur société Monetix. Houda Feraoun n’avait aucune pitié pour ceux qui menaçaient les intérêts financiers de ces parrains les frères Kouninef.
On ne compte plus les autres cadres anonymes de Mobilis, ATS, Algérie Télécom ou de l’ARPT qui ont fait les frais de la gestion clanique et népotiste de Houda Feraoun. Limogeages, mises à l’écart, admissions arbitraires à la retraite, tout a été orchestré par Houda Feraoun pour vider le secteur des nouvelles technologies et des télécommunications de ses compétences jugées « dérangeantes » par l’entourage de la ministre. La conséquence fut catastrophique pour un secteur qui demeure archaïque tirant encore vers le bas le sous-développement technologique du pays. Quant à Houda Feraoun, limogée au mois de juin 2020, elle jouit toujours de l’impunité et aucune instance judiciaire ne lui a réclamé des comptes.
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