21.9 C
Alger
jeudi, avril 25, 2024

Algérie. 61 détenus d’opinion passent le Ramadhan en prison : qui pensent à eux et à leurs familles ?

Pas moins de 61 détenus d’opinion et politiques passent le Ramadhan en prison en Algérie. C’est l’un des Ramadhan les plus sinistres et lugubres sur le plan des libertés publiques et civiles dans l’histoire de l’Algérie. Malheureusement, force est de constater que ces détenus politiques ne suscitent plus aucune grande mobilisation populaire. Les médias algériens, sous le coup de la censure, des intimidations sécuritaires ou de l’auto-censure, n’osent plus parler de la question des droits bafoués de ces détenus, tous des activistes et militants du Hirak. 

Même au sein du Hirak, la mobilisation autour de ces détenus d’opinion est en train de faiblir. Excepté quelques collectifs citoyens et quelques activistes engagés dans la défense des Droits de l’Homme, plus aucune instance, parti politique ou association de la société civile, n’aborde régulièrement les injustices infligées à ces détenus dont le seul tort est d’avoir exprimé une opinion divergente avec les orientations du pouvoir politique en Algérie.

Il est vrai que lors des manifestations du vendredi traditionnel du Hirak, de nombreux manifestants brandissent les portraits de ces détenus d’opinion pour appeler à leur libération. Il est vrai aussi que plusieurs slogans des marches hebdomadaires du Hirak  sont consacrés à la défense de ces détenus d’opinion. Même cette solidarité se limite, malheureusement, uniquement aux slogans et pancartes. Et ne c’est guère suffisant pour permettre à ces détenus politiques de retrouver leur dignité et leur liberté.

L’emprisonnement de militants pacifiques s’est banalisé entièrement en Algérie. Des avocats engagés, volontaires et admirablement patriotes tentent de casser le diktat de l’arbitraire en se rendant régulièrement dans les prisons algériennes pour remonter le moral à ces détenus qui passeront le mois sacré du Ramadhan loin de leurs familles, loin des siens. Justement, les familles de ces détenus politiques souffrent d’un véritable « blocus médiatique et politique » qui les isole de la société, qui les culpabilise par rapport à leur soutien exprimé au combat pacifiques de leurs enfants pour une Algérie meilleure.

Qui pense effectivement aux familles de ces détenus politiques ? Qui est parti les soutenir moralement ou financièrement ? Qui est allé rendre visite à leurs domiciles pour leur apporter de l’aide, vérifier de près leur situation matérielle et veiller à la satisfaction de leurs besoins élémentaires ? Certains détenus comme le lanceur d’alerte originaire d’Oran Nourredine Tounsi ont laissé derrière eux une femme et plusieurs enfants esseulés, abandonnés à leur sort face à une société rongée par l’effondrement du pouvoir d’achat et soumise à la cherté excessive de la vie. Qui a cherché à savoir une seule seconde comment  les enfants de Nourredine Tounsi sont en train de rompre le jeûne en l’absence d’un père qui peut les nourrir et veiller sur leur sécurité ? Il y a bien sûr une certaine solidarité traditionnelle qui est orchestrée dans l’entourage familial ou voisinage de ces détenus d’opinion.

Mais ce n’est guère suffisant au regard de la précarité approfondie et collective de cette Algérie 2021 sans oublier l’insoutenable souffrance psychologue qui est infligée aux épouses, enfants, mamans et frères ou soeurs de ces détenus qui n’ont commis absolument aucun crime si ce n’est de participer à un acte politique favorable au changement pacifique en Algérie. Il est temps que ce mois de piété relance une effective solidarité nationale avec les familles des détenus d’opinion en Algérie. Il est temps de réfléchir sur de nouvelles actions de protestation pour relancer la dynamique autour de la question fondamentale de la libération des « otages » emprisonnés par le pouvoir dans le but de neutraliser le Hirak. Autrement dit, ces détenus risquent de sombrer dans l’oubli et les incarcérations politiques risquent de devenir une triste banalité dans notre pays.

dernières nouvelles
Actualités

2 تعليقات