Contrairement à son prédécesseur, Abdelmadjid Tebboune, Ahmed Ouyahia entretient de très bonnes relations avec les hommes les plus riches en Algérie. Les hommes d’affaires l’apprécient particulièrement et dans son programme politique, Ahmed Ouyahia entend bel et bien ménager les hommes d’affaires.
C’est un énorme fossé qui sépare Ouyahia de Tebboune. Et c’est le nouveau Premier-Ministre qui l’avait déclaré lui-même le 07/10/2016 : « Je n’ai pas honte de dire que Haddad est un ami ». Oui, Ali Haddad et Ahmed Ouyahia sont de bons amis et les deux personnalités l’assument publiquement. Ouyahia est parti encore plus loin en assurant qu’il était « parmi les personnes qui l’ont encouragé à se présenter à la présidence du FCE ». « Mais ce rapprochement n’est dirigé contre personne…’’, se contente-t-il de nuancer pour ne pas heurter la sensibilité des adversaires d’un Ali Haddad devenu encombrant, mais plus que jamais incontournable sur la scène politique.
Plusieurs autres patrons sont proches d’Ouyahia. Ce dernier a cédé ses dernières années à la tentation du libéralisme économique. En juin 2017, il a plaidé clairement en faveur des entreprises publiques dans un discours lors d’une conférence de presse tenue après la réunion de la session ordinaire du Conseil national du RND, le parti qu’il dirige d’une main de fer depuis de nombreuses années. Ce jour-là, Ahmed Ouyahia a pris ouvertement parti pour « la privatisation d’un nombre d’entreprises publiques dont la situation financière se détériore en raison des problèmes liés au plan de charge et à la gestion ». Il désigne des hôtels et minoteries qui « doivent être rachetés par des acquéreurs locaux ».
Le message est lancé : de nombreuses entreprises publiques doivent revenir à nos hommes d’affaires. Une faveur qui permettra aux plus grosses fortunes du pays de s’enrichir encore davantage à la lumière de ces acquisitions. Cependant, le débat fait rage et les spécialistes sont divisés. Rien ne démontre réellement que les privatisations peuvent porter leurs fruits. En écartant les investisseurs étranger, Ahmed Ouyahia cherche à confier les entreprises publiques aux seuls entrepreneurs algériens dont l’expérience managériale manque encore cruellement de maturité. Sauf si le nouveau Premier-Ministre pense à un cadeau politique en prévision des futures échéances politiques.