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vendredi, mars 29, 2024

Affaire des crânes restitués par la France à l’Algérie : l’incompréhensible et l’irrespectueux silence du ministère des Moudjahidine

Une inédite et inquiétante polémique ne cesse d’enfler depuis le 17 octobre dernier sur les véritables origines et l’authenticité des crânes des résistants algériens restitués par la France à l’Algérie. Cette polémique a pris une dimension internationale et met en doute la sincérité des relations franco-algériennes. Mais malgré tous les enjeux historiques et politiques, le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droits et l’ensemble des membres du gouvernement algérien observent un silence incompréhensible, pour ne pas dire choquant et indigne d’un pays souverain soucieux de sa crédibilité. 

Cette polémique a été provoquée par les révélations du prestigieux New York Times. Selon le quotidien américain, seuls 6 des 24 crânes restitués par Paris en juillet 2020 étaient clairement identifiés comme étant ceux de résistants algériens tués au XIXe siècle par les troupes coloniales françaises. «Les autres ne le sont pas ou sont d’origine incertaine.»

Ces restes mortuaires sont également restés la propriété de la France après leur remise, indique le média, qui se base sur des documents obtenus auprès du musée d’Histoire naturelle et du gouvernement français. Aucun des deux pays n’a publiquement reconnu ces faits, «alors qu’ils cherchent à tirer un avantage diplomatique de la restitution». 

L’enquête du New York Times a révélé également des documents du musée de l’Homme, à Paris, montrant que les origines de 18 de ces crânes ne sont pas formellement établies. Ils pourraient être ceux de bandits et de soldats algériens ayant combattu aux côtés de la France. “Les questions diplomatiques l’ont emporté sur les questions historiques”, indique au journal américain Catherine Morin-Desailly, une sénatrice française de centre droit qui travaille depuis longtemps à la restitution des ossements. “C’était bâclé, fait en cachette”, dit-elle. Ni les autorités françaises ni les autorités algériennes n’ont accepté de commenter les révélations du New York Times.

Et pourtant, il s’agit d’une affaire très sensible qui engage directement l’honneur de l’Algérie. Et pour cause, le retour dans notre pays de ces crânes avait été célébré en grande pompe à la veille de la commémoration du 58e anniversaire de l’indépendance nationale. Pour rappel, Abdelmadjid Tebboune était venu en personne accueillir les restes sur le tarmac de l’aéroport d’Alger, s’inclinant devant les cercueils lors d’une cérémonie militaire solennelle. Il s’agit «des dépouilles de 24 chefs de la résistance populaire, qui ont été privés de leur droit naturel et humain d’être enterrés depuis plus de 170 ans», avait assuré le chef de l’Etat.

Et si toute cette histoire n’était qu’une vaste fumisterie destinée à tromper l’opinion publique Algérienne et manipuler l’opinion publique française ? Il est à signaler qu’un comité mixte d’experts scientifiques algériens et français était chargé de l’identification et de la vérification de l’origine des ossements. Et ce comité n’a toujours pas rendu la moindre réaction aux révélations du puissant média américain.

De son côté, le ministère des Moudjahidine et des Ayants-droits poursuit ses activités ordinaires faisant mine d’ignorer cette polémique et ses enjeux importants. Cette attitude est purement et simplement un cruel manque de respect à notre histoire et notre mémoire collective.

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