L’affaire d’Abdou Semmar, le rédacteur en chef d’Algérie Part, est en train de se transformer en un dossier judiciaire qui fait couler beaucoup d’encre. Le journaliste est toujours privé depuis près de deux mois de l’une de ses libertés fondamentales, inscrites en lettre d’or dans notre constitution, à savoir la liberté de se déplacer et de voyager.
Et aujourd’hui encore, ce jeudi 20 décembre, les juges ont refusé de fournir une réponse concrète ou des explications aux avocats de notre rédacteur en chef. Pis encore, le comportement des juges a donné lieu à un imbroglio judiciaire qui nous rappelle les années les plus sombres de l’Algérie contemporaine. En effet, le procureur général de la Cour d’Alger n’a pas voulu donner sa réponse aux avocats d’Abdou Semmar lesquels ont déposé depuis plus d’une semaine une requête en bonne et due forme pour lever cette interdiction de sortie du territoire national (ISTN), une mesure entièrement arbitraire et illégale comme il a été expliqué dans plusieurs de nos articles publiés précédemment.
Le procureur général de la Cour d’Alger a prétexté ce jeudi qu’il attend toujours des précisions de la part du Procureur de la République près du tribunal d’Abane Ramdane à Alger-Centre. Or, ce dernier a fait savoir aujourd’hui même aux avocats d’Abdou Semmar qu’il avait répondu à la requête du Procureur général de la Cour d’Alger depuis le 16 décembre dernier. Malheureusement, l’opacité demeure totalement intrigante parce que le Procureur près du tribunal d’Abane Ramdane n’a pas voulu dévoiler le contenu de sa réponse aux avocats de notre rédacteur en chef.
Et pourtant, ce dernier fait l’objet d’une ISTN sans faire l’objet de la moindre procédure judiciaire qui justifie de priver un citoyen algérien d’une liberté fondamentale. Force est donc de constater que les juges jouent au ping-pong avec Abdou Semmar. Et pendant ce temps-là, les droits civiques d’un citoyen algérien sont totalement bafoués au vu et au su de tous les hauts responsables du ministère de la Justice. Abdou Semmar est pris en otage dans cette situation scandaleuse qui risque d’ébranler bientôt tout le système judiciaire algérien. Et pour cause, à partir de dimanche prochain, si les avocats d’Abdou Semmar n’obtiennent toujours pas une réponse de la part du Procureur général de la Cour d’Alger, ils vont entreprendre des démarches au niveau des instances suprêmes de l’Etat pour entamer des poursuites judiciaires à l’encontre des responsables de cette violation gravissime des libertés publiques d’un simple citoyen algérien, à savoir notre journaliste et rédacteur en chef.
Abdou Semmar est-il un criminel ou un terroriste pour subir un tel « lynchage » juridique ? S’agit-il d’une punition politique qui ne dit pas son nom en raison de son travail d’investigation jugé déplaisant par des officines politiques ?