Madame la Ministre,
En ces temps de colère populaire, de refus généralisé de continuer à cautionner une logique de dévorement durable de notre pays mais aussi de volonté légitime d’un changement radical de paradigme pour la société algérienne, il ne serait pas correct ni honnête de notre part, nous militants environnementalistes et experts de l’environnement algériens de ne pas attirer votre attention sur une décision des plus périlleuse que vous vous apprêtez hélas à cautionner; malgré vos responsabilité vis-à-vis de l’environnement algérien. Vous allez malheureusement une fois encore servir d’alibi pour l’instrumentalisation du dossier de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie et ce notamment à des électoralistes.
Madame la Ministre, vous avez pu constater à maintes reprises que notre engagement ainsi que notre détermination ne prévoit ni de ménager le secteur dont vous avez la responsabilité, ni sa première responsable.
Nombre d’entre nous pourrons également en toute bonne foi, attester de votre bonne volonté ainsi que de votre engagement volontaire dans certains autres domaines relatifs à l’environnement.
Il est aussi vrai que nous avons souvent été en conflit direct ou indirect avec certains de vos choix et positionnements dans votre politique ministérielle, ainsi que votre gestion de la question environnementale, autant qu’en matière de promotion sincère et efficiente des énergies renouvelables en Algérie.
De même, suite au scandale sanitaire et écologique relatif à la dernière l’épidémie de choléra, nous avions déjà appelé à votre démission solidaire car si pour certains àl’époque il ne fut question « que de trois décès » parmi nos compatriotes, pour nous, ce sont trois morts décèsde trop.
Nous avons qualifié de véritable trahison votre position sur le gaz de schiste, l’année dernière, faisant écho à celle du premier Ministre Ouyahia, lors de laquelle vous déclariez par mimétisme ou pas contrainte, que l’exploitation du schiste n’avait aucun impact néfaste sur l’environnement.
Madame la Ministre, nous n’en voulons pas au Premier Ministre pour ces déclarations car c’est un politique, un technocrate qui n’a aucune culture ni conscience écologique.Monsieur Ouyahia raisonne balance économique, planche à billet, déficit, urnes.
Il est à des années lumière de ce que nous savons nous environnementalistes à ce sujet.
Ce « nous » vous inclus et vous implique car nous espérons que la realpolitik ne vous aura pas encore totalement pervertie, qu’il reste en vous cette passion ainsi cet amour de la nature, cette conscience écologique qui vous a jadis tant fait honneur et qui a fait votre véritable carrière.
Nous savons tous également que les contrats avec le français Total et l’Américain Exxon mobil sont en cours de finalisation et que le schiste à figuré au bilan moral et financier 2018 de la Sonatrach.
Nous savons aussi, hélas, que ce fut l’une des cartes jouées pour le cinquième mandat.
Nous n’ignorons pas non plus que Messieurs Guitouni et Ould Keddour ont promis des chiffres astronomiques pour 2035 et qui serviront à garder notre pays à flot encore quelques années, même s’il faudra pour cela détruire notre écosystème et polluer nos eaux souterraines.
Mais ce n’est pas à la Sonatrach que nous nous adressons aujourd’hui.Eux aussi sont des administrateurs qui résonnent à l’échelle macroéconomique et n’ont pas eu à écouter les arguments de d’écologistes et d’universitaires algériens .
Le temps de s’adresser à Messieurs Guitoni et Ould Keddour viendra.
Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls militants ou experts à douter du bien fondé de cette entreprise aventureuse. Nombre d’économistes chevronnés remettent en question la rentabilité d’une exploitation du gaz ainsi que du pétrole de schiste via la fracturation hydraulique horizontale.
Tant que cette technique reconnue éminemment consommatrice en eau, en énergie et en produits chimiques menacera l’intégrité de notre patrimoine hydrique ainsi que le développement d’une économie algérienne saine et durable, nous ne pouvons admettre qu’elle soit pratiquée sur notre sol sans une concertation nationale. Une telle défaillance démocratique majeure dans un volet fondamental de notre développement pour des décennies et générations à venir ne saurait ni être acceptée par de vrais patriotes ni être de bonne augure pour l’avenir économique, écologique et donc social de notre nation.
Nous avons ainsi appris que le douteux hasard ainsi que l’authentique cynisme du calendrier gouvernemental fait qu’un contrat sera signé le 08 mars prochain à Dallas avec Exxon mobil , tandis qu’en Algérie se tiendra le salon de l’environnement et des énergies renouvelables à la safex, que vous organisez…